Battambang, des singes pieux et une envolée nocturne !
Après la découverte de l’inoubliable site d’Angkor, on file vers l’ouest. Pour aller à Battambang, on prend le bateau près de Siem Reap. Faute de places à l’intérieur, on se retrouve sur le toit. Il est encore tôt, il ne fait pas encore trop chaud et c’est agréable de sentir le vent sur la peau. On traverse une partie du plus grand lac d’eau douce de l’Asie du Sud-est, le Tonlé Sap. L’eau à perte de vue, on se croirait en mer. Puis on navigue au milieu d’étonnants villages flottants. Les maisons se balancent doucement de gauche à droite quand notre bateau passe. Et après de longues heures à naviguer lentement, très lentement, sur une rivière dont le niveau d’eau est presque insuffisant pour notre bateau, on arrive enfin dans la petite ville de Battambang.
Je ne garderai pas un souvenir impérissable de cette ville, malgré son ambiance paisible et ses jolies maisons coloniales, mais il y a bien quelque chose qui m’a marqué ici, ou plutôt à 12 kilomètres de là. C’est à bord d’un tuk-tuk que l’on arrive au pied d’un temple perché sur une colline. On grimpe tout là-haut et en guise de récompense, une belle vue sur les alentours nous accueille. Il y a des singes partout. Je pourrais rester des heures à les observer. Ils me fascinent. Et puis il y a des escaliers. On décide de les descendre et là, surprise ! On arrive dans une grotte ! Décidément, j’aime cet endroit. Avant de quitter le temple, on regarde le soleil se coucher sur la vaste plaine autour, c’est simplement beau. À 18h on a rendez vous pour l’envolée nocturne… de chauves-souris ! On se plante alors devant la « bat cave », et à 18h03 précisément, des milliers, ou peut être même des millions de chauves-souris sortent de cette grotte. Et chaque soir c’est le même rituel. La nature m’émerveille tous les jours un peu plus.
Le S21, triste mémoire du Cambodge
« Le paradoxe du Cambodge, c’est d’être médiatisé au travers de ce qu’il a donné de plus grandiose, Angkor, et de pire, les Khmers rouges. » – Le Routard
Phnom Penh ne nous aura pas séduits plus que ça. Mais il y a bien quelque chose dans la capitale cambodgienne qui nous aura profondément marqués et qui mérite bien quelques lignes sur ce blog : le S21.
Ce nom barbare évoque un lycée qui fut transformé en prison pendant quatre longues années, lors de la dictature des Khmers rouges, de 1975 à 1979. Entre 12 000 et 20 000 personnes furent emprisonnées ici et torturées pour leur faire avouer des « crimes » qu’ils n’avaient même pas commis. Un seul but, justifier l’horreur faite à des hommes qui dérangeaient profondément le régime de Pol Pot : professeurs, artistes, docteurs, ministres… Des femmes, des enfants, des familles entières et même des étrangers furent également emprisonnés ici.
Seuls 12 personnes sont sortis vivantes du S21. Et des prisons comme celle-ci, on en comptait 190 dans tout le pays !
Arpenter les couloirs du S21, c’est plonger dans une terrible et sombre tranche de l’histoire du Cambodge. C’est écouter, pendant près de deux heures, un jeune homme nous raconter, à travers un audioguide, l’histoire de sa famille. C’est si récent…
Arpenter les couloirs du S21, c’est regarder des centaines de visages, pris en photo par les Khmers rouges, le regard souvent vide, apeuré, extrêmement triste, parfois resistant. Je me souviens de ce visage qui souriait comme pour dire « vous pouvez tout me prendre, me réduire à un numero, m’enlever toute mon humanité mais vous ne m’enlèverez pas mon sourire. » Ils ont vécu le pire. Ils sont la mémoire de ce lieu, pour que personne n’oublie.
Une histoire encore bien récente, encore vive dans la mémoire de ce peuple. Un témoignage poignant de ce que l’homme peut faire de pire à l’homme. Un génocide qui se doit d’être raconté, une part de la mémoire du monde qui ne doit pas être oubliée, pour ne jamais reproduire les erreurs du passé.
Koh Rong island, quelques jours au paradis
Changement d’ambiance radicale, le sud du Cambodge nous réserve une belle surprise !
10h, un jour de février, la mer est agitée, il fait chaud. On arrive sur une petite île au large des côtes cambodgiennes. Bienvenue à Koh Rong, un petit paradis !
Je sens la chaleur des grains de sable sous mes pieds. Je tombe immédiatement amoureuse du sable blanc, de l’eau turquoise et des balançoires sur la plage. On prend un bateau de pêcheur pour rejoindre notre « maison » pour quelques nuits. On fait de la balançoire au dessus des vagues. Je me sens libre, à l’autre bout du monde, sur ce petit bout de monde. Je m’endors dans un hamac après le dîner. On regarde les étoiles scintiller allongés sur la plage. On dort dans une tente et on se réveille au bruit des vagues. Sur une petite plage deserte, j’écris des mots dans le sable « live in the moment and make it so beautiful that it will worth remembering ». Bastien fait du beau avec du moche, il fait de l’art à sa manière avec les déchets rejetés par l’océan. Parce que le paradis a aussi son côté sombre.
A Long Beach, on nage dans une eau transparente à 30 degrés. En fin d’après-midi, on admire les couleurs du ciel exploser en une palette multicolore de roses, de rouges et de jaunes. On rentre en bateau de nuit. Le soir de la black moon, on danse avec les extra terrestres. A l’heure du dernier jour sur ce paradis, on arpente la rue principale de l’île pour la dernière fois, les pieds dans le sable. On repart vers le continent, de beaux souvenirs pleins la tête.
Kep, des crabes bleus et des chemins de traverse
Notre aventure cambodgienne se termine à Kep. Le calme de cette petite ville en bord de mer nous fait du bien. Je me remets doucement d’une tourista qui m’aura mis K.O. et m’aura permis de visiter un charmant hôpital dans la ville voisine, à Kampot. À force de tester toute sorte de nourriture dans des stands de rue plus ou moins clean, y’a forcément un moment où ma curiosité culinaire devait me jouer des tours (même si manger au coeur du marché de Kampot, coloré et plein vie, était une expérience que je referai sans hésiter ! ).
Notre auberge, le Kepmandou (t’auras remarqué le joli jeu de mots), est une maison en bois située sur un chemin de campagne. De la terrasse on voit la mer et les vaches qui broutent tranquillement dans les champs alentours. C’est paisible, l’ambiance est bonne et la nourriture à tomber par terre, parfait pour retrouver l’appétit ! On reprend un scooter pour aller se balader au gré de nos envies. On suit les chemins de traverses. On passe dans des hameaux, on longe une mer d’huile. Près du marché, on goûte au crabe aux pinces bleues, spécialité de la ville, et sa délicieuse sauce au poivre de Kampot.
A Kep, on aura vécu quelques moments simples qui font du bien. Il est temps de clôre ce chapitre cambodgien. On quitte un peuple souriant et à la bonne humeur communicative et on se met en route pour le Vietnam !