Partir. Prendre le départ. Aller quelque part. Aller ailleurs. S’éloigner. Se mettre en mouvement. Commencer sa trajectoire. Commencer. S’échapper. Quitter.
Un jour de novembre 2016, nous sommes partis.
Au début, on avait juste un rêve en tête et l’envie furieuse de le réaliser. Quelques années plus tard, nous avons bouclé notre sac à dos et mis entre parenthèse notre vie en France pour vivre quelque chose de différent, à l’autre bout du monde.
Un aller sans retour, quelques économies, deux-trois vaccins, un appareil photo pour immortaliser. Destination Bangkok.
Partir c’est brutal, c’est douloureux aussi. C’est laisser derrière soit le confort, les gens qu’on aime, le quotidien pour aller vers un grand inconnu. Alors pourquoi on part ?
Pour fuir ? Peut-être.
Pour chercher du sens, indéniablement.
Pour ralentir, nécessairement.
Pour rencontrer l’autre, réellement.
Pour se risquer un peu aussi.
Pour se sentir vivre avant qu’il ne soit trop tard.
Je vais bientôt avoir 29 ans. On dit que je fais partie de la génération Y. Une génération désabusée. Une génération qui vit dans un monde qui va très vite, trop vite. Une génération pour laquelle l’avenir semble incertain. Disparition des espèces, pollution à outrance, course à la consommation. Je suis née à bord d’un train qui fonce à 1000 à l’heure et que rien ne semble pouvoir arrêter. Alors dans cette urgence, beaucoup de jeunes comme moi voient naître en eux ce besoin irrépressible d’arrêter le temps et de vivre, tout simplement. Le voyage semble pour moi la meilleure alternative. Parce qu’on n’attendra pas la retraite, trop loin, trop incertaine.
Alors on est partis, à près de 9000 kilomètres de chez nous.
Si on a eu peur ? Oui. Avant, pendant, et après.
Est-ce que ça en valait la peine ? Oui, mille fois.
Est-ce qu’on repartira ? Un jour, très certainement.
Et puis on est rentrés à la maison. Cela fait maintenant un an et demi que nous sommes rentrés. Presque 2 ans et demi que nous sommes partis. Le temps file à une vitesse folle ici. Mais là-bas, en l’espace de dix mois et demi, tout s’est ralentit. Et on a eu l’impression de vivre mille vies.
Alors pourquoi on part ?
Pour moi, voyager fait sens quand en nous tout se bouscule. Lorsque tout est plus intense, plus fort, plus dur et plus heureux à la fois. Le voyage fait sens dans les rencontres surtout. Ce besoin d’entrer en contact avec l’autre. Celui qui vient de l’autre bout du monde, celui qui a un regard différent. Le voyage fait sens dans l’échange. Dans le mouvement, dans l’inconnu, dans le risque, dans la liberté. Le voyage fait sens lorsqu’il te fait te poser les bonnes questions. Lorsqu’il te fait réaliser la richesse inestimable de cette planète, sa beauté extraordinaire, sa diversité si précieuse. Il fait sens lorsque tu reçois des sourires du bout du monde, ceux qui veulent tout dire, ceux qui te remplissent de bonheur. Et lorsqu’alors tu réalises que la vie est belle quand on s’attarde sur les choses simples.
Le voyage fait sens lorsqu’il te rend présent et pleinement vivant.