Après quatre mois à traverser une partie de l’Asie du Sud-Est, notre voyage a pris un tournant. Parce qu’après plus de 120 jours de vadrouille en sac à dos, on a perdu petit à petit le rythme. Volontairement. Nécessairement. Pour ne pas se perdre nous-mêmes dans la sur-découverte et au final ne plus apprécier. Voyager au long court, ça a quelque chose de magique, mais ce n’est pas de tout repos. Entre les transports « à l’asiatique », faire et défaire son sac tous les deux ou trois jours, les journées remplis de découvertes en tout genre, et cette envie de tout faire, tout voir et ne rien rater, au bout d’un moment le corps fatigue, l’esprit un peu aussi. On a donc, en quelques sortes, pris des vacances dans le voyage. On a décidé de ne plus tout découvrir, prendre du recul sur ces quatre mois passés, ralentir le rythme. Alors de retour en Thaïlande, pour y découvrir le sud cette fois, on s’est mis en mode plage, bonne bouffe et grasse mat… et ça tombait bien, on était sur les îles !
De Koh Samui à Phuket, en passant par Koh Lanta et Koh Phangan, entre eaux turquoises et plages de sable blanc, retour sur des instants, choisis aléatoirement selon l’emprunte qu’ils ont laissé dans ma mémoire. Ecrire pour ne pas oublier. Et pour donner vie aux mots, toujours quelques photos.
« Les beaux souvenirs ne meurent jamais » – Pierre Guimard
Bangkok, we are back !
Et définitivement, y’a bien quelque chose chez toi qu’on adore. Est-ce tes stands de rues, ton agitation, ton mélange de traditions et de modernisme ? On aura aimé se balader le long de tes canaux d’un calme étonnant, dans les quartiers où les gens jouent au ballon sur le trottoir, font la sieste sous un arbre et dînent en famille. Et reprendre le bateau taxi, de loin mon transport préféré, si atypique ! Puis flâner dans tes centres commerciaux modernes et démesurés. Retourner au parc pour une pause verdure. Manger un délicieux pad thaï sur le bord du canal. Marcher encore et encore et découvrir le vrai Bangkok. Admirer des street artistes colorer les murs. Acheter des ananas et des pastèques délicieusement sucrés aux marchands de rue. Éviter l’arnaque à la gare et se faire insulter. Dommage c’est raté.
Et puis on a fait la fête ! Parce que Alexis vit ici, et qu’on avait bien envie de partager une soirée avec lui et sa bonne humeur communicative. Après avoir partagé un bout de route au Laos et une folle soirée à Siem Reap, on avait hâte de remettre ça ! Une poutine pas très locale pour se mettre en forme, quelques délires sur la folle Kao San Road alimentés par des buckets au whisky, une tentative d’intrusion ratée dans un immeuble huppé juste pour pouvoir profiter de la vue, une obsession naissante de Bastien pour une grue, et les trois règles du câlin avant de partir sans se retourner. A bientôt Alexis. Le lendemain on essaiera de fuir la chaleur étouffante de notre dortoir et on fera la sieste au parc pour soigner la gueule de bois.
Allez, salut Bangkok, on reviendra un jour c’est promis, je suis sûre que tu as encore pleins de surprises pour nous !
Koh Samui, premier bout de paradis
En route pour le sud ! On reprend le train à Bangkok, de nuit cette fois-ci. Et c’est toute une aventure pour se procurer des billets de train. A la gare, on nous arrête un peu avant le comptoir officiel de la vente de billets et on nous dit, avec un grand sourire, que le train est complet à cause de la full moon party qui aura lieu quelques jours plus tard. Il faut alors que l’on se rende dans un petit bureau plus loin et qu’on achète des billet de bus, seul moyen pour se rendre dans le sud. Mais étonnamment le prix est beaucoup plus élevé. On sent l’arnaque et on décide de retourner au comptoir officiel, juste au cas où… La commerçante qui ne veut absolument pas qu’on atteigne le comptoir, afin de nous vendre ses billets de bus, nous lance alors quelques mots en thaï qui n’ont pas l’air des plus aimables. Bref. Il restait bien sûr des places dans le train.
On ne dormira pas trop mal dans ce train, même en position assise. Au réveil, à travers la fenêtre, des palmiers à perte de vue, éclairés par la lumière douce orangée du soleil levant. Les îles ne sont plus très loin. On est excités de les découvrir. Mais il nous faudra d’abord reprendre un bus puis le bateau. Après quelques heures sur l’eau pour rejoindre Koh Samui, on pose enfin nos sacs à dos dans un bungalow les pieds dans le sable. Et quel bonheur de se réveiller chaque matin ici. Au programme de notre séjour à Koh Samui, farniente à la plage, pad thaï et autres délices thaïlandais et balades en scooter sur les petites routes de l’ile. Celle qui la traverse du nord au sud nous fait traverser la jungle luxuriante, on s’imprègne alors du vert omniprésent des collines qui nous entourent. On se baigne dans une cascade avec des locaux qui font du toboggan sur les rochers. On fait la sieste sur les plages presque déserte du nord. On mange dans un petit restau à l’ambiance récup reggae au milieu de nulle part. Et chaque soir, on admire le soleil se donner en spectacle. Du bonheur en bleu et vert.
Koh Phangan, la belle fêtarde
Koh Phangan est une île connue principalement pour sa Full Moon partie, la vraie ! On ne pouvait pas ne pas y aller. Et c’est à l’arrière d’un pick-up qu’on s’y est rendu, et vu les virages qu’on a du prendre, j’étais étonnée d’arriver sans l’envie de vomir. Sur place, des dizaine de stands d’alcool et d’objets fluorescents en tout genre. Faut se mettre dans l’ambiance ! Après avoir avalé le pad thai le plus mauvais que j’ai jamais mangé, on se dirige vers l’entrée. Et on arrive sur cette longue plage bordée de dizaine de bars, crachant tous de la musique à fond. Seuls deux ou trois bars proposent de la musique à notre goût, le reste est très commercial. Et puis il y a tout ces déchets au bord de l’eau, des bouteilles, des verres en plastiques et des mecs qui pissent. Dit comme ça, ça fait pas rêver. Mais un bucket ou deux plus tard, ton cerveau zappe vite les détails. Tu danses les pieds dans le sable, tu t’étonnes devant les lettres géantes « FULL MOON PARTY » qui prennent feu dans la nuit étoilée. Et tu fais des rencontres sympas.
On aura passé une bonne soirée, juste bonne. La Full Moon, finalement, c’est pas ou plus si fou. Victime de sa notoriété peut être. Et finalement ce n’est pas ce qui nous aura le plus marqué sur cette île de toute beauté. Parce que Koh Phangan, c’est tellement plus qu’une soirée débauchée sur une immense plage à l’heure de la pleine lune. C’est aussi et surtout les criques aux eaux transparente et les routes serpentées dans la jungle luxuriante. Du bonheur en scooter !
Koh Lanta, la sauvage
A Koh Lanta on pensait trouver la nature, l’authenticité. En tout cas c’est ce qu’on avait lu et entendu. Est-on arrivés trop tard ? Nous aurait-on survendu cette île ? Je ne sais pas. En tout cas, la majeure partie de la côte ouest est occupée par des hôtels et des restaurants. Aucun charme. Heureusement la côte Est à été épargnée, et au sud de l’île, il reste encore quelques coins calmes et sauvages ; des villages de pêcheurs où les bateaux traditionnels sont parés des plus belles couleurs, des plages de galets rouges, une route déserte qui serpente dans la jungle, une magnifique pointe découpée où les singes sont rois et où l’horizon nous souflle « liberté ! », une vieille ville adorable ou l’on peut déguster sucré ou salé dans des restos charmants. Ouf ! Koh Lanta a failli terriblement nous décevoir. Et puis, chez Mann, on s’est trouvé un petit coin de nature pour dormir, sur la côte Est, non loin de la vieille ville. Mann, c’est le propriétaire des lieux. Il nous a chaleureusement accueilli dans son jardin du bonheur, où une petite quinzaine de bungalows en bambou offre calme et repos, loin des resorts sans charme de l’autre côté de l’île. Ici, sa femme cuisine avec les légumes du jardin, et c’est divin ! Et sa sœur, qui tient un petit restaurant en ville, cuisine des rôti à tomber par terre. Ce pain plat originaire de l’Inde est un véritable délice lorsqu’il est trempé dans un curry de poulet ! J’en salive encore !
Phuket, la touristique
Passage obligé pour reprendre l’avion vers de nouvelles contrées, on n’attendait rien de Phuket. La plus grande et la plus connue des îles thaïlandaises n’est pas la plus charmante des destinations du sud. Bon j’exagère un peu car, bien sur, il y a des belles plages et le soleil. Mais le tourisme de masse ne laisse plus beaucoup de place à l’authentique, surtout à Patong, le village le plus fréquenté. Pourtant, contre toute attente, il y a bien quelque chose qui nous aura surpris et enchantés. À l’intérieur des terres, se trouve la ville de Phuket Town. À première vue, rien de bien « foufou ». Une ville bordélique, sans grand intérêt. Mais là, en plein centre ville, une explosion de couleurs ! Les magnifiques maisons colorées du centre colonial de Phuket Town sont un véritable petit bijou. On y trouve des boutiques, cafés et restaurants tous plus attrayants les uns que les autres. Le street art égayent les murs restés blancs. Un joli mélange de l’art passé avec celui d’aujourd’hui.
À part ça, des fruits shakes au kiwis divins et une baignade sous la pluie d’orage, on ne gardera pas un souvenir impérissable de Phuket. Ah si, une petite amende pour non détention du permis deux roues. Ils ont dû arrêter la moitié des touristes de l’île cet après-midi là. Une belle boîte pleine à craquer de billets, ils auront pas perdu leur journée !
L’aventure thaïlandaise se termine sur une note mitigée, les autres îles et le nord nous ayant indéniablement plus séduits. On repart de plus belle, remontés à bloc après cette « pause » sous les cocotiers, pour de nouvelles découvertes ! Décollage imminent, on part à Singapour !